...c'est qu'elle a peur du mouvement étudiant, et de ne pas le contenir,
ce qui ne doit pas rassurer non plus le pouvoir et sa presse collabo
voici un texte rédigé par des étudiants de lyon 2:
La réaction ci-dessous a été rédigée "à chaud" (concrètement, hier mercredi soir de 23h à 3h, puis dernières modifs ce matin par mail). Nous éprouvions la même nécessité de répondre à ce communiqué, nous avons donc fini par co-rédiger ensemble ce texte.
Etant donné la large médiatisation de ces événements à l'initiative de la présidence, ce communiqué-réponse sera lui aussi diffusé très largement (de rebellyon à nos réseaux militants et/ou syndicaux respectifs, en passant par la liste où vous êtes ici).
Bien cordialement,
Présidence = briseurs de grève
Une rhétorique imparable
Par un communiqué choc, l'équipe présidentielle de Lyon 2 nous « informe ».
Dès la première phrase, le mouvement étudiant et ses instances décisionnelles sont discréditées. L'assemblée générale devient une assemblée entre guillemets. Les étudiant.e.s exécutant les décisions de l'AG sont transformés en « des individus [qui] se sont introduits dans le bâtiment K, violant ainsi l'arrêté de fermeture des locaux pris par la présidence pour la nuit. ».
Bref, des cambrioleurs ?
On croirait lire un texte rédigé par notre président de la République en personne. Ou bien, plus modestement mais tout aussi résolument, par son préfet Gérault, organisateur des exactions policières commises place Bellecour la semaine du 21 octobre dernier.
Ce texte repose sur une série de rapprochements abusifs : les occupant.e.s sont pointé.e.s comme portant « la responsabilité totale » de cette situation.
Quelle situation ?
La situation en question nous est démontrée, montage photo à l'appui, et comme nous ne savons pas regarder des photos, il faut les commentaires !
Ainsi, une photo d'un vulgaire et habituel blocage de porte (voir vos archives 2006, 2007 et 2009...) devient un « Blocage des issues de secours, dégradation de mobilier » !
Ou encore est nommé par le terme « ces dégradations gratuites » afin de nier le sens de l'usage des meubles (blocage).
L'occupation devient ainsi synonyme de « véritable paysage de désolation », les étudiant.e.s mobilisé.e.s deviennent des « individus » « délinquants » : des « casseurs ».
Dans la foulée, l'équipe présidentielle conclut, avec une sévérité décomplexée, que « L'université poursuivra les auteurs de ces actes dans le cadre des procédures de discipline interne et devant les tribunaux ».
Voilà toute la considération apportée aux trop rares membres de la communauté universitaire qui se mobilisent pour la défense de nos retraites à tou.te.s.
D'autre part , la « sécurité incendie » est à sens unique : que dire des conditions de travail des ATOS durant la fermeture administrative d'octobre 2010 ? Selon des représentant.e.s de ces personnels venus en AG interfac, les issues de secours étaient alors verrouillées !!!
Ce, dans des locaux qui, comme le souligne si bien l'équipe présidentielle, constituent un « campus de type « Pailleron » », c'est à dire un bâtiment dans l'illégalité complète concernant les normes incendie.
Quelle communication de la présidence pour informer de la dangerosité des locaux ?
Quel plan campus pour remédier à cette grave situation qui perdure et nous met en péril en permanence ?
Quelle considération pour les personnels ATOS ainsi exposés ?
Finalement, toute cette langue de bois présidentielle, dans l'université comme ailleurs, vise à poser une mythique « communauté universitaire » en victime d'une agression dépourvue de sens. Agression dont tout.e étudiant.e participant à la mobilisation est désigné.e comme coupable.
Se poser de la sorte en victime de hordes de casseurs empêche toute reconnaissance de la réalité des conflits qui traversent cette soit-disante « communauté universitaire ».
Et pour bien enfoncer le clou, la présidence appelle l'objectivité scientifique à la rescousse : « L'Université Lumière Lyon 2 mettra tout en œuvre afin que les constatations scientifiques opérées par la police permettent d'identifier dans les heures qui viennent les individus coupables de ces agissements. ».
Depuis quand l'équipe présidentielle a-t-elle oublié la différence fondamentale entre une enquête judiciaire et des « constatations scientifiques » ?
Pour bien faire, nous proposons le fichage ADN généralisé des étudiant.e.s et personnels : enfin une idée progressiste !
Le hic, c'est que même l'identification par ADN repose sur … un calcul de probabilités, et ne permet donc aucunement l'identification certaine à 100% de coupables.
La science elle-même se retrouve finalement dévoyée par l'équipe présidentielle : de connaissance valide à un moment donné, elle est convertie en certitude soit-disant légitimante.
L'équipe présidentielle est-elle bien placée pour dire ce que doit être le travail d'enquête de la police ?
Une certitude, elle a oublié la présomption d'innocence !
Mais n'est-ce pas le manque de maturation stratégique du mouvement qui permet une telle offensive ?
Criminalisation, mais aussi fermeture administrative de l'université au moindre risque de développement du mouvement. Dans ce contexte de pourrissement, les frustrations de ceux et celles qui écoutent les mots d'ordre simplistes de quelques tribuns débouchent sur des actes qui posent question.
Des actes porteurs de sens
A aucun moment, l'équipe présidentielle ne s'attache au sens de ces « agissements ».
La seule allusion au sens des graffitis faite est ainsi que leurs auteur.e.s « méprisent la communauté universitaire et le travail des agents d'entretien de nos campus. ».
Mais nous, signataires du présent texte, relevons, en effet, que bien des choses sont méprisables à l'université.
Le contenu des graffitis pourrait ainsi interroger sur l'état des relations entre professeur.e.s et étudiant.e.s, notamment en sociologie.
Comment ne pas se rappeler par exemple, à la fin du mouvement de 2009, cet immense écriteau apposé dans le bâtiment K, parmi tant d'autres : « La sociologie n'est plus un sport de combat » ?
Conclusion apportée au mouvement, côté étudiant...
Dans cette université de masse, la « communauté universitaire » est en pleine voie de décomposition, bradée par les réformes universitaires successives.
La désillusion parcourt les couloirs, à coups de graffitis « anti-tout », triste retour d'une fac où les relations se déshumanisent à partir de la croyance d'être sauvé.e de la précarité par l'obtention d'un diplôme.
Mais l'élévation généralisée des niveaux d'études demandés pour le moindre boulot, même précaire, absorbe pour une grande part la masse d'étudiant.e.s produite par l'université.
Cette déshumanisation est prégnante, loin du vernis de bon ton distillé dans les amphithéâtres à cet égard, même et surtout en sciences « humaines ».
La réalité, ce sont des enseignant.e.s-chercheur.e.s qui apparaissent désengagé.e.s des mobilisations en cours, voire, pour certain.e.s, engagé.e.s dans la caution « scientifique » à la mythologie des « casseurs » qui sert à briser le mouvement.
La fiction d'une communauté universitaire harmonieuse unie autour de valeurs intemporelles, a fait long feu depuis les conflits sur la LRU. Son cadavre est indigeste.
La réalité, c'est le mépris et l'indifférence de chacun.e pour la situation des autres. Dans ce contexte, l'action et les communiqués de l'équipe présidentielle montrent à quel point la « communauté universitaire » déteste et rejette en réalité ses étudiant.e.s.
En conclusion, la « démocratie », telle qu'elle est aujourd'hui utilisée dans la bouche de cette équipe, ne sert qu'à nous rendre impuissant.e.s. Entre leur démocratie qui fait de l'université une tour d'ivoire, et notre approche d'engagement dans les enjeux sociaux, il y a conflit.
Il convient selon nous d'en prendre acte, et d'œuvrer à l'explicitation et au développement de ce conflit.
A moins qu'il soit préféré l'enlisement dans la violence et la stigmatisation de/par certain.e.s de ses acteurs ?
Lire le communiqué de la présidence, ici : http://www.univ-lyon2.fr/actualite/actualites-universitaires/communique-relatif-aux-degradations-commises-cette-nuit-a-la-suite-de-l-occupation-du-campus-422003.kjsp?RH=WWW_FR
Lire d'autres rendus, diversifiés, là : http://rebellyon.info/Une-nuit-d-occupation-a-Lyon-II-ca.html
Et enfin, le communiqué de la dernière AG, là :
http://rebellyon.info/Communique-de-l-assemblee-generale,7918.html
ce qui ne doit pas rassurer non plus le pouvoir et sa presse collabo
voici un texte rédigé par des étudiants de lyon 2:
La réaction ci-dessous a été rédigée "à chaud" (concrètement, hier mercredi soir de 23h à 3h, puis dernières modifs ce matin par mail). Nous éprouvions la même nécessité de répondre à ce communiqué, nous avons donc fini par co-rédiger ensemble ce texte.
Etant donné la large médiatisation de ces événements à l'initiative de la présidence, ce communiqué-réponse sera lui aussi diffusé très largement (de rebellyon à nos réseaux militants et/ou syndicaux respectifs, en passant par la liste où vous êtes ici).
Bien cordialement,
Présidence = briseurs de grève
Une rhétorique imparable
Par un communiqué choc, l'équipe présidentielle de Lyon 2 nous « informe ».
Dès la première phrase, le mouvement étudiant et ses instances décisionnelles sont discréditées. L'assemblée générale devient une assemblée entre guillemets. Les étudiant.e.s exécutant les décisions de l'AG sont transformés en « des individus [qui] se sont introduits dans le bâtiment K, violant ainsi l'arrêté de fermeture des locaux pris par la présidence pour la nuit. ».
Bref, des cambrioleurs ?
On croirait lire un texte rédigé par notre président de la République en personne. Ou bien, plus modestement mais tout aussi résolument, par son préfet Gérault, organisateur des exactions policières commises place Bellecour la semaine du 21 octobre dernier.
Ce texte repose sur une série de rapprochements abusifs : les occupant.e.s sont pointé.e.s comme portant « la responsabilité totale » de cette situation.
Quelle situation ?
La situation en question nous est démontrée, montage photo à l'appui, et comme nous ne savons pas regarder des photos, il faut les commentaires !
Ainsi, une photo d'un vulgaire et habituel blocage de porte (voir vos archives 2006, 2007 et 2009...) devient un « Blocage des issues de secours, dégradation de mobilier » !
Ou encore est nommé par le terme « ces dégradations gratuites » afin de nier le sens de l'usage des meubles (blocage).
L'occupation devient ainsi synonyme de « véritable paysage de désolation », les étudiant.e.s mobilisé.e.s deviennent des « individus » « délinquants » : des « casseurs ».
Dans la foulée, l'équipe présidentielle conclut, avec une sévérité décomplexée, que « L'université poursuivra les auteurs de ces actes dans le cadre des procédures de discipline interne et devant les tribunaux ».
Voilà toute la considération apportée aux trop rares membres de la communauté universitaire qui se mobilisent pour la défense de nos retraites à tou.te.s.
D'autre part , la « sécurité incendie » est à sens unique : que dire des conditions de travail des ATOS durant la fermeture administrative d'octobre 2010 ? Selon des représentant.e.s de ces personnels venus en AG interfac, les issues de secours étaient alors verrouillées !!!
Ce, dans des locaux qui, comme le souligne si bien l'équipe présidentielle, constituent un « campus de type « Pailleron » », c'est à dire un bâtiment dans l'illégalité complète concernant les normes incendie.
Quelle communication de la présidence pour informer de la dangerosité des locaux ?
Quel plan campus pour remédier à cette grave situation qui perdure et nous met en péril en permanence ?
Quelle considération pour les personnels ATOS ainsi exposés ?
Finalement, toute cette langue de bois présidentielle, dans l'université comme ailleurs, vise à poser une mythique « communauté universitaire » en victime d'une agression dépourvue de sens. Agression dont tout.e étudiant.e participant à la mobilisation est désigné.e comme coupable.
Se poser de la sorte en victime de hordes de casseurs empêche toute reconnaissance de la réalité des conflits qui traversent cette soit-disante « communauté universitaire ».
Et pour bien enfoncer le clou, la présidence appelle l'objectivité scientifique à la rescousse : « L'Université Lumière Lyon 2 mettra tout en œuvre afin que les constatations scientifiques opérées par la police permettent d'identifier dans les heures qui viennent les individus coupables de ces agissements. ».
Depuis quand l'équipe présidentielle a-t-elle oublié la différence fondamentale entre une enquête judiciaire et des « constatations scientifiques » ?
Pour bien faire, nous proposons le fichage ADN généralisé des étudiant.e.s et personnels : enfin une idée progressiste !
Le hic, c'est que même l'identification par ADN repose sur … un calcul de probabilités, et ne permet donc aucunement l'identification certaine à 100% de coupables.
La science elle-même se retrouve finalement dévoyée par l'équipe présidentielle : de connaissance valide à un moment donné, elle est convertie en certitude soit-disant légitimante.
L'équipe présidentielle est-elle bien placée pour dire ce que doit être le travail d'enquête de la police ?
Une certitude, elle a oublié la présomption d'innocence !
Mais n'est-ce pas le manque de maturation stratégique du mouvement qui permet une telle offensive ?
Criminalisation, mais aussi fermeture administrative de l'université au moindre risque de développement du mouvement. Dans ce contexte de pourrissement, les frustrations de ceux et celles qui écoutent les mots d'ordre simplistes de quelques tribuns débouchent sur des actes qui posent question.
Des actes porteurs de sens
A aucun moment, l'équipe présidentielle ne s'attache au sens de ces « agissements ».
La seule allusion au sens des graffitis faite est ainsi que leurs auteur.e.s « méprisent la communauté universitaire et le travail des agents d'entretien de nos campus. ».
Mais nous, signataires du présent texte, relevons, en effet, que bien des choses sont méprisables à l'université.
Le contenu des graffitis pourrait ainsi interroger sur l'état des relations entre professeur.e.s et étudiant.e.s, notamment en sociologie.
Comment ne pas se rappeler par exemple, à la fin du mouvement de 2009, cet immense écriteau apposé dans le bâtiment K, parmi tant d'autres : « La sociologie n'est plus un sport de combat » ?
Conclusion apportée au mouvement, côté étudiant...
Dans cette université de masse, la « communauté universitaire » est en pleine voie de décomposition, bradée par les réformes universitaires successives.
La désillusion parcourt les couloirs, à coups de graffitis « anti-tout », triste retour d'une fac où les relations se déshumanisent à partir de la croyance d'être sauvé.e de la précarité par l'obtention d'un diplôme.
Mais l'élévation généralisée des niveaux d'études demandés pour le moindre boulot, même précaire, absorbe pour une grande part la masse d'étudiant.e.s produite par l'université.
Cette déshumanisation est prégnante, loin du vernis de bon ton distillé dans les amphithéâtres à cet égard, même et surtout en sciences « humaines ».
La réalité, ce sont des enseignant.e.s-chercheur.e.s qui apparaissent désengagé.e.s des mobilisations en cours, voire, pour certain.e.s, engagé.e.s dans la caution « scientifique » à la mythologie des « casseurs » qui sert à briser le mouvement.
La fiction d'une communauté universitaire harmonieuse unie autour de valeurs intemporelles, a fait long feu depuis les conflits sur la LRU. Son cadavre est indigeste.
La réalité, c'est le mépris et l'indifférence de chacun.e pour la situation des autres. Dans ce contexte, l'action et les communiqués de l'équipe présidentielle montrent à quel point la « communauté universitaire » déteste et rejette en réalité ses étudiant.e.s.
En conclusion, la « démocratie », telle qu'elle est aujourd'hui utilisée dans la bouche de cette équipe, ne sert qu'à nous rendre impuissant.e.s. Entre leur démocratie qui fait de l'université une tour d'ivoire, et notre approche d'engagement dans les enjeux sociaux, il y a conflit.
Il convient selon nous d'en prendre acte, et d'œuvrer à l'explicitation et au développement de ce conflit.
A moins qu'il soit préféré l'enlisement dans la violence et la stigmatisation de/par certain.e.s de ses acteurs ?
Lire le communiqué de la présidence, ici : http://www.univ-lyon2.fr/actualite/actualites-universitaires/communique-relatif-aux-degradations-commises-cette-nuit-a-la-suite-de-l-occupation-du-campus-422003.kjsp?RH=WWW_FR
Lire d'autres rendus, diversifiés, là : http://rebellyon.info/Une-nuit-d-occupation-a-Lyon-II-ca.html
Et enfin, le communiqué de la dernière AG, là :
http://rebellyon.info/Communique-de-l-assemblee-generale,7918.html
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