Tous les amis solidaires qui ont visité dernièrement une raffinerie bloquée ont rencontré des salariés grévistes extraordinairement motivés, fermement décidés à ne surtout pas céder au moment où ce début novembre allait enfin voir se réaliser l’assèchement complet des approvisionnements d’essence du pays, et que, techniquement, les flux d’importations étrangers par la route ne pourraient jamais y suppléer.
Tous étaient conscients qu’ils faisaient la grève « par procuration » des trois Français sur quatre qui soutiennent le mouvement sans faiblir, et que le monde entier avait les yeux fixés sur la France, peut-être le seul grand pays pouvant encore contrarier l’offensive planétaire de la finance déchaînée contre les conquêtes sociales de l’après-guerre et de l’humanisme ouvrier.
Tous savaient que si seulement les trois millions de manifestants motivés versaient chaque mois dans les caisses de solidarité des raffineries une somme comprise entre 2 et 100 euros, mettons d’une moyenne de 20 euros, cela faisait immédiatement 60 millions, de quoi verser 1500 euros nets à 40 000 grévistes, et cela pendant le temps qu’il faudrait pour faire céder le gouvernement et que d’autres secteurs prennent le relais après les vacances scolaires.
D’autre part, même la presse patronale avait remarqué que cette grève des raffineurs n’était pas perdable, car « le secteur bénéficie ensuite d’un effet de levier extraordinaire parce que le lancement d’un mouvement de grève ne nécessite pas un grand nombre de salariés. Organisées en 3×8, les équipes chargées d’opérer les installations en salle de contrôle sont très réduites. Pour un site de 1.200 salariés comme la raffinerie Total de Gonfreville (Seine-Maritime), une équipe de quart représente moins d’une centaine de personnes. Si la majorité d’entre eux se met en grève, le site sera contraint de s’arrêter. » (Emmanuel Grasland, « Pourquoi les raffineries sont à la pointe de la contestation », Les Échos, 18 octobre 2010).
1 - Alors pourquoi ce revirement subit des douze raffineries en seulement quarante-huit heures ?
2 - De quels chantages ou intimidations ces valeureux grévistes ont-il fait l’objet ?
3 - Quel a été le rôle du ministre désigné par Sarkozy pour gérer la crise des raffineries à la place du titulaire Borloo, cet Hortefeux dédié aux basses oeuvres policières du régime ?
4 - De quelles informations, de quel tableau de bord secret, ce ministre vichyssois aura-t-il bénéficié, et dont aura été privée l’opinion publique ?
5 - Pourquoi les fédérations des industries chimiques CGT, CFDT et autres n’ont pas instauré un dispositif coordonné, transparent, lisible, facilité, pour dynamiser la collecte nationale des fonds de solidarité aux raffineurs, dispositif qui aurait pu servir pour d’autres grèves et résistances sociales ?
6 - Quels jours de grève seront finalement payés et comment vont-être distribués les fonds recueillis ?
7 - Pourquoi les intersyndicales n’ont pas expliqué les vrais motifs d’avoir incité soudainement à voter la reprise du travail, sans avoir au moins envisagé une suspension jusqu’à la rentrée scolaire et universitaire ?
8 - Pourquoi la plupart des sites internet de grève n’ont plus été réactualisés depuis 48 heures, et ne diffusent toujours pas de communiqués expliquant les motifs de la reprise de travail ?
9 - Pourquoi les sites internet de l’Union nationale des industries chimiques CGT et même de la confédération CGT (www.cgt.fr/) sont-ils inaccessibles ce dimanche matin 31 octobre et depuis samedi ?
10 - Pourquoi les 220 agents des terminaux pétroliers du port de Marseille ont déverrouillé vendredi leur grève qui bloquait 78 navires et quatre péniches, c’est-à-dire l’approvisionnement pétrolier de la plus grande partie de la France ?
11 - Pourquoi la CGT du port marseillais « n’a livré aucun détail sur le contenu des dernières négociations ? » et que « la direction du port n’a pas non plus voulu dire ce qui avait permis de sortir de l’impasse » ? (Luc Leroux, « La CGT met fin au blocus du port de Marseille », Le Monde, ce dimanche 31 octobre).
12 - Pourquoi cette étrange et soudaine défaite de la grève de la filière pétrolière, célébrée avec une joie gourmande par les médias officiels afin de faire douter le peuple de ses capacités ?
Ce sont donc ici douze questions sans réponse pour les douze raffineries de l’hexagone.
Nous ne voulons accuser personne ni mettre en cause la solidité et la sincérité de l’unité intersyndicale. À la base, elles furent et demeurent admirables.
Mais il importe maintenant que chacun prenne ses responsabilités, à tous les niveaux, des anonymes jusqu’aux porte-parole syndicaux, face à un enjeu dont chacun sera personnellement comptable devant l’Histoire : Que le président Sarkozy grand vainqueur de ce conflit puisse spéculer sur le désarroi du peuple de gauche pour marquer son avantage, avant même une réélection en 2012, afin d’achever de détruire complètement les conquêtes sociales de la Résistance et de la Libération et mêmes nos Droits et libertés démocratiques arrachés en 1789.
(Lucky.blog, le dimanche 31 octobre 2010.)
et aussi les vidéos de la lutte : http://www.lesmutins.org/
Source : http://lucky.blog.lemonde.fr/2010/10/31/pourquoi-cette-etrange-defaite-de-la-greve-des-raffineries-12-questions-sans-reponses/
Tous étaient conscients qu’ils faisaient la grève « par procuration » des trois Français sur quatre qui soutiennent le mouvement sans faiblir, et que le monde entier avait les yeux fixés sur la France, peut-être le seul grand pays pouvant encore contrarier l’offensive planétaire de la finance déchaînée contre les conquêtes sociales de l’après-guerre et de l’humanisme ouvrier.
Tous savaient que si seulement les trois millions de manifestants motivés versaient chaque mois dans les caisses de solidarité des raffineries une somme comprise entre 2 et 100 euros, mettons d’une moyenne de 20 euros, cela faisait immédiatement 60 millions, de quoi verser 1500 euros nets à 40 000 grévistes, et cela pendant le temps qu’il faudrait pour faire céder le gouvernement et que d’autres secteurs prennent le relais après les vacances scolaires.
D’autre part, même la presse patronale avait remarqué que cette grève des raffineurs n’était pas perdable, car « le secteur bénéficie ensuite d’un effet de levier extraordinaire parce que le lancement d’un mouvement de grève ne nécessite pas un grand nombre de salariés. Organisées en 3×8, les équipes chargées d’opérer les installations en salle de contrôle sont très réduites. Pour un site de 1.200 salariés comme la raffinerie Total de Gonfreville (Seine-Maritime), une équipe de quart représente moins d’une centaine de personnes. Si la majorité d’entre eux se met en grève, le site sera contraint de s’arrêter. » (Emmanuel Grasland, « Pourquoi les raffineries sont à la pointe de la contestation », Les Échos, 18 octobre 2010).
1 - Alors pourquoi ce revirement subit des douze raffineries en seulement quarante-huit heures ?
2 - De quels chantages ou intimidations ces valeureux grévistes ont-il fait l’objet ?
3 - Quel a été le rôle du ministre désigné par Sarkozy pour gérer la crise des raffineries à la place du titulaire Borloo, cet Hortefeux dédié aux basses oeuvres policières du régime ?
4 - De quelles informations, de quel tableau de bord secret, ce ministre vichyssois aura-t-il bénéficié, et dont aura été privée l’opinion publique ?
5 - Pourquoi les fédérations des industries chimiques CGT, CFDT et autres n’ont pas instauré un dispositif coordonné, transparent, lisible, facilité, pour dynamiser la collecte nationale des fonds de solidarité aux raffineurs, dispositif qui aurait pu servir pour d’autres grèves et résistances sociales ?
6 - Quels jours de grève seront finalement payés et comment vont-être distribués les fonds recueillis ?
7 - Pourquoi les intersyndicales n’ont pas expliqué les vrais motifs d’avoir incité soudainement à voter la reprise du travail, sans avoir au moins envisagé une suspension jusqu’à la rentrée scolaire et universitaire ?
8 - Pourquoi la plupart des sites internet de grève n’ont plus été réactualisés depuis 48 heures, et ne diffusent toujours pas de communiqués expliquant les motifs de la reprise de travail ?
9 - Pourquoi les sites internet de l’Union nationale des industries chimiques CGT et même de la confédération CGT (www.cgt.fr/) sont-ils inaccessibles ce dimanche matin 31 octobre et depuis samedi ?
10 - Pourquoi les 220 agents des terminaux pétroliers du port de Marseille ont déverrouillé vendredi leur grève qui bloquait 78 navires et quatre péniches, c’est-à-dire l’approvisionnement pétrolier de la plus grande partie de la France ?
11 - Pourquoi la CGT du port marseillais « n’a livré aucun détail sur le contenu des dernières négociations ? » et que « la direction du port n’a pas non plus voulu dire ce qui avait permis de sortir de l’impasse » ? (Luc Leroux, « La CGT met fin au blocus du port de Marseille », Le Monde, ce dimanche 31 octobre).
12 - Pourquoi cette étrange et soudaine défaite de la grève de la filière pétrolière, célébrée avec une joie gourmande par les médias officiels afin de faire douter le peuple de ses capacités ?
Ce sont donc ici douze questions sans réponse pour les douze raffineries de l’hexagone.
Nous ne voulons accuser personne ni mettre en cause la solidité et la sincérité de l’unité intersyndicale. À la base, elles furent et demeurent admirables.
Mais il importe maintenant que chacun prenne ses responsabilités, à tous les niveaux, des anonymes jusqu’aux porte-parole syndicaux, face à un enjeu dont chacun sera personnellement comptable devant l’Histoire : Que le président Sarkozy grand vainqueur de ce conflit puisse spéculer sur le désarroi du peuple de gauche pour marquer son avantage, avant même une réélection en 2012, afin d’achever de détruire complètement les conquêtes sociales de la Résistance et de la Libération et mêmes nos Droits et libertés démocratiques arrachés en 1789.
(Lucky.blog, le dimanche 31 octobre 2010.)
et aussi les vidéos de la lutte : http://www.lesmutins.org/
Source : http://lucky.blog.lemonde.fr/2010/10/31/pourquoi-cette-etrange-defaite-de-la-greve-des-raffineries-12-questions-sans-reponses/
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